Présentation d'Alain Olivier lors de la Journée Théobaldienne de Marcourt, 4-5 septembre 2021
Itinéraire présumé de saint Thibaud, de Reims à Trèves avec un aperçu des liens d’alliance unissant la famille de Thibaud à celles des comtes de Vermandois, des comtes de Chiny, des comtes de Blois – Champagne, des marquis d’Este.
Bas côté de l'abbaye Saint-Remi de Reims.
Introduction
La première expérience érémitique de saint Thibaud se déroule dans l’empire germanique, sur les terres de l’actuelle Belgique et du Luxembourg, puis en Allemagne, à Trèves.
La seconde expérience se réalise en Italie, à Lumignano puis Sossano.
La question : pourquoi de ces deux régions, si éloignées l’une de l’autre, et apparemment si lointaines de son pays natal, la Champagne ?
Des liens familiaux, entre sa famille et les dynasties établies dans ces régions, expliqueraient-ils ses choix ? Quelques pistes de réflexion peuvent être proposées.
Elles se limiteront à trois dynasties, celles du Vermandois, de Chiny et de Blois – Champagne. Le lien avec la maison d’Este sera rapidement évoqué. Il serait également possible, ultérieurement, d’aborder les liens avec la Bourgogne.
L’itinéraire de Reims à Trèves : l’étape de Suxy au comté de Chiny
Remarque : La seconde étape, celle de Pettingen, actuellement section de la commune de Mersch (Luxembourg), serait à étudier dans le cadre des liens familiaux entre les dynasties du Luxembourg et de la Bourgogne.
Itinéraire présumé, emprunté par Thibaud, de Reims à Trèves
Lorsque Thibaud quitte Reims pour la Belgique, il est logique de penser qu’il emprunte l’antique voie romaine de Reims à Trèves (environ 270 km).
Celle-ci passait par Château-Porcien (Ouest de Rethel), Sery, Gruyère, Charleville-Mézières, Mouzon, Carignan (Yvois), Florenville, Pin (d’où partait un diverticule vers Chiny pour rejoindre Bastogne et la voie de Reims à Cologne), Izel, Étalle, Arlon, Luxembourg, Trèves.
À l’époque romaine, Yvois (Carignan), première ville fortifiée du comté, est citée sur la Table de Peutinger, l’Itinéraire d’Antonin et les Notices des Gaules.
Entre Mouzon (Meuse) et Carignan (Chiers) passait la frontière entre les Rèmes et les Trévires. Celle-ci correspondait à la frontière sud du comté de Chiny.
À Pin, à 7km au sud de Chiny, une tour, appelée improprement « Tour Brunehaut », surveillait la voie de Reims à Trèves (Mouzon – Carignan – Étalle – Arlon – Luxembourg - Trèves) et celle de Reims à Cologne (Mouzon – Pin – Chiny – Neufchâteau – Bastogne - Cologne).
Cette voie traversait donc de part en part le comté de Chiny, en passant par la bourgade de Chiny puis Suxy, distant de 7km. Marcourt se situe à 65km au Nord de Chiny.
Le comté de Chiny
C’est un fief constitué au Xe siècle, en Haute Lorraine au sein de l’Empire germanique.
Brefs rappels pour situer la période de la formation du comté de Chiny :
• En 843, le traité de Verdun partage l’empire carolingien entre les trois fils d’Henri le Pieux : le royaume de Lothaire (Lotharingie) est créé.
• En 870, à la mort de Lothaire II, le traité de Meersen divise le royaume de Lotharingie entre le roi des Francs, Charles le Chauve, et Louis le Germanique.
• En 880, la Lotharingie est finalement abandonnée au roi de Germanie. Le duché de Lorraine est érigé.
• À partir de l’an 900, ce duché est l’objet de conflits entre le royaume franc et le royaume de Germanie. En 925 Henri Ier l’Oiseleur l’emporte et rétablit l’Empire.
• Vers 960, l’empereur Othon Ier le Grand divise le duché de Lotharingie, en duché de Haute Lorraine et duché de Basse Lorraine.
• En 980, Othon Ier dit de Warcq (rive gauche de la Meuse à 4km de Mézières), fonde la première dynastie des comtes de Chiny (8 comtes) qui s’éteindra en 1227. Othon de Warcq fait de Chiny sa capitale, après la destruction de sa forteresse de Warcq par l’archevêque de Reims Adalbéron (affaire des reliques de saint Arnoult).